Bourse : faut-il suivre les cycles ?

C’est une étude de la FFSA qui l’a révélé : les montants investis (ou désinvestis) par les français en UC (unités de comptes en Assurance Vie) sont directement corrélés à la performance de la bourse sur les 12 derniers mois glissants. Les courbes se superposent quasi parfaitement.

Autant dire que nous sommes tous des moutons : nous achetons quand la bourse monte (cycles haussiers), et nous vendons quand elle descend. C’est humain après tout. Et cela explique aussi l’empressement de nos dirigeants à « sauver » les banques et la finance : car par effet mouton de Panurge, sauver les banques fait monter la bourse, qui fait monter les investissements dans l’économie réelle (moins d’argent dans l’or, l’immobilier, les fonds euros des assurances vies, et toutes les choses improductives), et donc cela fait remonter le PIB, qui fait monter la bourse, etc.

Cyclique ou contra cyclique ?

Une question légitime se pose : faut-il être un mouton ? C’est à dire, faut-il investir quand les cours montent ? Et si oui, quelle est la durée de cycle qu’il faut regarder dans le rétroviseur ? est ce un an, moins ou plus ?

Pour vérifier cela, nous allons créer un portefeuille fictif valant 1 euro en 1988, 1 an après la date de création du CAC40. A chaque fin de mois, nous allons rebalancer le portefeuille en fonction des résultats récents :

  • Si la bourse monte de 16% ou plus depuis un an, nous investissons 100% en actions (fonds UC)
  • Si la bourse baisse de + de 19% depuis un an, nous mettons tout sur le fonds euros
  • Toute situation intermédiaire sera investie proportionnellement. Par exemple, 60% en UC si la bourse monte de +2% depuis un an.

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Oui, il faut être un mouton ?

Nous avons simulé cette stratégie depuis août 1988, avec deux variantes :

  • Variante 1 : l’argent non placé en bourse rapporte 3%. Cette variante conduit à de super résultats (en gros 1,5% de mieux chaque année que le CAC, soit plus de 59% en plus après les 27ans), mais elle est trompeuse : en effet, en réalité l’argent placé en bourse sur le CAC40, verse des dividendes, qui sont historiquement aussi de l’ordre de 3%
  • Variante 2 : l’argent non placé en bourse ne rapporte rien. Cela est plus réaliste par rapport à nos taux de dividendes, nous partirons du principe que dividendes et « taux garanti » du type assurance-vie sont équivalents à long terme.

En variante 2, que nous retiendrons comme correcte par rapport aux hypothèses, nous arrivons le 30 décembre 2015 à 5642 points, soit tout de même 20,6% de plus que le CAC40 officiel. En annualisé, cela donne 4,7% pour le CAC40 hors dividendes, et 5,4% pour la stratégie « cyclique » (hors dividendes et produits de fonds garanti).

simulation d'investissement cyclique

Simulation d’investissement cyclique – Variante 2

Donc, de manière très étonnante, être un mouton rapporte. A condition de passer une demi heure chaque mois pour suivre ses finances et donner des ordres de virement.

Optimisations de la simulation

La simulation donne des résultats légèrement meilleurs, en fixant à -19 la borne où il faut investir 0 en UC. Cela signifie qu’il faut être « plus optimiste » que le rendement de l’année écoulée, car il faudrait mettre plus de 50% en bourse lorsque le rendement des 12 derniers mois est nul. On pourrait aussi jouer sur la « largeur » de la zone qui fait varier l’investissement de 0 à 100%. Elle a été définie à 35 points. Assurément, augmenter ce chiffre risque de rendre les investissements trop peu variables, très souvent compris entre 40 et 60% en bourse, peu réactifs par rapport aux rendements de l’année passée. Le réduire trop, peu aussi rendre « trop réactif ». Ainsi, en gardant le même « pivot » de 50% UC <=> -1,5% depuis 12 mois, nous obtenons ces résultats

  • Avec une largeur de zone à 70 : 4847 points
  • Largeur de 52,5 : 5433 points
  • Largeur de 35 : 5642 points (hypothèse de base)
  • Largeur de 26,25 : 5660 points
  • Largeur de 17,5 : 5752 points
  • Largeur de 11,67 : 5647 points

Cette constatation valide les principes de l’analyse technique, mais à long terme seulement. En effet, les chartistes en bourse, et autres fans de l’AT, aiment réagir par rapport aux cours des quelques derniers jours. Or, ces cours « récents » n’ont souvent aucune influence sur les cours à venir, de même que le tirage de pile ou face ou du loto précédent, n’a aucune influence sur le suivant.

Par contre, à moyen terme, notre simulation valide que la performance passée depuis un an, et la performance du mois à venir, sont liées, de manière positive. De même que (pour une raisons totalement différente, liée à la loi des grands nombres), les tirages passés du loto ont une influence sur les suivants, car les anomalies tendent à se corriger (attention, cela est vrai uniquement à long terme, par exemple une anomalie constatée après 100 tirages prendra de l’ordre de 500 tirages de plus à se résorber).

Période de rétroviseur

Une autre optimisation concerne la « période » à regarder dans le passé pour décider de son investissement du mois. Nous modifions notre simulation avec de nouveaux paramètres :

  • Nous regardons la performance du mois M-1 pour investir sur le mois M
  • A -4% en mois M-1, 0% est investi en UC
  • A +3% en mois M-1, 100% est investi en UC
  • Les intermédiaires impliquent un investissement du mois M compris entre 1 et 99% en UC

Avec cette « tactique », les résultat sont franchement mauvais. Nous sous-performons le CAC : 3919 points à fin 2015. Cela implique même, de manière étonnante, une corrélation inverse entre la performance du mois M et celle de M+1 : il semble qu’il y ait beaucoup de « mini krachs » qui durent 3-4 semaines seulement, et se résorbent les semaines suivantes : penser que le « mini krach » va se poursuivre est donc contre productif.

Ceci dit, la tactique inverse est encore pire : si vous investissez au moins M, à l’opposé de la performance du mois M-1, vous obtenez une performance quasi nulle : 1750 points fin 2015 ! Autant dire, que se vouloir en permanence contra-cyclique, est une mauvaise idée.

Conclusion : oui, il faut suivre les cycles et être un mouton, mais un mouton méthodique, précis, et qui n’attend pas grand chose de sa moutonnerie. Notre étude montre que la sur performance peut atteindre 0,7%, si les variables sont bien calibrées (ce qui n’est pas évident, car ici, nous l’avons fait à posteriori). Hors de cette optimisation, on peut tabler plutôt sur du 0,5%. C’est bien. Mais cela reste très loin de méthodes boursières « value » comme la méthode Piostroski

 

Bonus : Voici le cyclique-cac

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