Fiscalité : assurance vie ou compte titre ?

Sur internet, il y a un débat sans fin sur le sujet : faut-il souscrire à des UC (fonds en unité de compte) dans une Assurance Vie (AV) ? Par exemple sur ce forum.

Les arguments peu importants

Les arguments des uns et des autres sont vrais, mais un peu exagérés.

D’abord, nous devons mettre de côté les arguments fallacieux qui tiennent à des circonstances exceptionnelles et donnent un intérêt supérieur aux UC, ou à l’investissement direct à des fonds dans un compte titres (CTO) :

  • La donation à un enfant efface la plus value du CTO : ce cas est rare, et l’AV permet beaucoup plus quand à la transmission sans frais
  • L’apport à une société d’un CTO, en report de plus value : Quel pourcentage des gens utilisent vraiment ça ??


  • Des personnes comme le pseudo « InvestisseurHeureux » sur le forum, qui sont contre tous les fonds FCP/SICAV et donc à fortiori contre les fonds en UC : ils sont resté en 1995. De nos jours, il n’y plus ni frais d’entrée, ni frais de sortie, et les frais de gestion sont déduits de la performance du fonds. Alors, parler de « frais de gestion » et aussi des « 90% font moins bien que le marché » c’est parler en grande partie deux fois de la même chose, car je suis convaincu que la médiane des fonds ont une rentabilité à un chouya plus que « rendement moyen des actions moins leurs frais de 1% environ ».

Nous reviendrons plus tard sur la comparaison entre les trois façons d’investir : fond en UC, fond en CTO et action en direct. La somme « fiscalité + frais » la plus lourde, n’est pas forcément avec le produit que l’on croit.

  • Il est possible d’investir des fractions de parts en UC mais pas toujours en CTO.. Certes mais l’intérêt est restreint, à part avec les fonds dont les parts cotent 1000 euros.
  • La fiscalité plus lourde de l’assurance vie si on veut sortir avant 8 ans : le propos de Zirk est vraie, mais on partira du principe que la personne a son AV ouverte depuis 8 ans.
  • Le choix de fonds est plus réduit en AV : c’est vrai, mais les contrats ont actuellement 150 à 400 fonds et commencent à proposer des trackers : la liste des fonds accessibles SANS FRAIS chez un broker (type Boursorama ou Binck) n’est pas non plus en milliers !
  • le démembrement de la clause bénéficiaire de l’AV
  • l’exonération de PFL de l’AV de 7.5% si licenciement, retraite anticipée ou invalidité.
  • Il est impossible de reporter ses moins values avec de l’AV : certes, mais qui va raisonnablement décider de faire un retrait avec une moins value.. alors qu’avec des UC il suffit souvent d’attendre un an ou 2 pour redevenir positif.

L’effet des intérêts composés joue contre le compte titres

Pour calculer la différence de frais entre CTO et AV, nous de devons pas négliger l’impact des intérêts composés.

En effet, qui va investir sur un CTO pendant 8ans sans faire d’arbitrage sur ses fonds ? Chaque arbitrage générera des plus values intermédiaires qui seront taxées tout de suite, au lieu de « en sortie » pour une assurance-vie. Ça peut faire une grosse différence.

Pour l’illustrer, voici un chiffrage des deux effets pervers du CTO :

  • Les frais d’arbitrage seront en gros de 0.1% (tarif Binck) soit 0.2% par aller-retour. C’est totalement non négligeable par rapport à une AV : même avec des fonds bloqués pendant 8 ans, c’est ~0.025% par an. Avec une rotation des fonds de 100%/an (un fond est gardé en médiane 1 an, les achats/ventes sur l’année représentent la totalité des encours), ça fait donc des frais de 0.2%/an.
  • La taxation dès la sortie ne coute rien pour un fond « immobile ». Avec un taux de rotation de 100%/an, on peut approximer que les taxes de ~34,5% du CTO sont prélevées chaque année.
    Avec un rendement moyen brut de 5%, c’est chaque année 1.725% de l’argent qui ne produit pas d’intérêts composés. Tout dépend donc de la durée moyenne entre l’entrée de l’argent et la sortie. Nous pouvons alors calculer l’effet négatif de cette non composition des intérêts, pour une épargne qui serait ENTIÈREMENT sortie après seulement 5 ans (ce qui limite l’effet de composition) :

    • L’assurance vie produit un rendement net de 4,4% par an (0,6% de frais) avant fiscalité
    • Le CTO produit un rendement, fiscalisé dès sa vente, de 4,8% net (5 – 0,2 de frais d’arbitrage) * 0,655 (on enlève les 34,5% de frais)
    • A l’issue des 5 ans, grâce aux intérêts composés, l’AV a acquis ~0.2% brut en plus, soit environ 0.04%/an
  • Au final, nous trouvons donc une différence de frais « en faveur du CTO » de : 0,6 – 0,2 – 0,04 = 0,36%/an

Comparaison des rendements

Les calculs suivants sont faits avec Binck.fr comme compte titre et une AV à 0,6% de frais annuels sur UC (donc les solutions ayant le moins e frais, de chaque côté).

Les calculs sont légèrement approximés à cause de la mise à plat des intérêts composés, mais il en est bien tenu compte. (Si vous trouvez une erreur, n’hésitez pas à la signaler)

Dans le calcul de Zirk sur le forum, les UC sont perdantes, car il pré suppose un taux de frais de 1% sur les UC, qui les fait perdre. Le calcul du « point d’inflexion » auquel les UC deviennent plus intéressants que le CTO est en fait simple :
%rendement brut nécessaire = 100* (différence de frais) / (différence de taxation)

De plus, depuis les calculs de Zirk et de bloom, l’écart fiscal en faveur de l’AV s’est accru: le PLF est à 21%, soit 13.5% de plus que l’AV.
Vous m’objecterez que les calculs de tous les intervenants de cette page sont faux, car ils partent du principe qu’il faut comparer avec le PLF : Or, leurs calculs ont été faits pour les gens qui sont dans la tranche TMI la plus haute, à 40%. Pour les autres, et il suffit de déclarer moins de 210 000 euros pour un couple avec deux enfants, donc c’est quand même 99% d’entre nous, le TMI est vraisemblablement à 30%, voire à 14. Pour le TMI à 14, des revenus de 78 000 euros pour le même couple avec deux enfants : même sur un forum de futurs rentiers, je pense que 50% des intervenants ont ce TMI.
Doncnous pouvons recalculer le point d’inflexion

  • Si vous êtes soumis au PLF : 100 x 0,36 / 13.5 = 2.67%
  • Si vous êtes au TMI à 14% : 100 x 0,36 / 6.5 = 5.54%

Sauf que la encore, l’AV a un tour dans son sac : on va pouvoir récupérer une partie des 7.5% de taxe l’année suivante, grâce aux 9200 euros « offerts » par l’administration. Toujours pour notre couple, cela représente au bout de 5 ans, une sortie de capital de ~44 000 euros, totalement remboursée d’intérêts. En admettant que notre couple ait besoin de sortir 200 000 euros d’un coup, cela veut quand même dire que 22% est exonéré, soit une baisse de 0.22*7.5 = 1.65%.
Les points d’inflexion bougent alors à :

  • 36/ 15.15 = 2.38% avec le PFL
  • et 36/ 8.15 = 4.42% avec un TMI14.

Au final, et hors cas bizarre, tous frais compris, les UC restent intéressants, si le rendement est supérieur à  une fourchette de 2-5% selon les cas.
Or, nous sommes bien d’accord que quiconque investit en UC, c’est pour avoir un rendement supérieur aux fonds euros. Viser 5% n’est donc pas délirant. Après une dizaine d’années d’investissements, il est très probable que les fonds UC auront une performance annualisée comprise entre 0 et 10%. On peut donc affirmer que statistiquement, pour le même investissement,  les UC seront meilleures que le CTO dans environ 56% des cas pour les gens au TMI 30-40 et 76% des cas pour ceux au TMI 14.

Cela à condition de n’avoir que 0,6% de frais UC sur Assurance Vie.

(et encore en se basant sur une répartition linéaires des rendements, mais si elle suit une loi de Gauss ces % où l’assurance vie est gagnants seront un peu plus élevés)

 

Et les actions en direct ?

De plus, il reste la comparaison avec les actions en direct.
Comparons dans un CTO. Les trackers et les fonds ont des frais, souvent 0.4% environ pour les trackers en Europe, et 1% pour les fonds. Fatalement, ils finissent par sous performer leur indice de référence d’en moyenne 0.4 ou 1%.
Tout d’abord, signalons que trop chercher à optimiser ses frais peut être néfaste si on choisit de mauvais fonds ou mauvaises actions : en 1er doit venir la sélection, et en 2e seulement l’élagage en fonction des frais. Ainsi un fond Carmignac, même à 2% de frais, reste meilleur que de nombreux trackers…

Cependant, et ce n’est pas négligeable, les fonds ont des frais d’aller-retour de 0.2% (voire 0 dans une AV en UC mais comme cette réduction de frais sert à financer les frais de gestion de l’AV, on les oublie). Sur les actions françaises, on aura des frais identiques de 0.2%
Mais par contre les fonds investissant à l’étranger ont un avantage car le prix sur des actions US monte à 5e +0.1%, soit disons 0.4% par AR, environ 0.9% par AR en Europe, et ne parlons même pas des frais pour investir sur des pays émergents. Il est donc bien évident qu’on préférera souvent, pour un investissement passif sur un marché géographique ou sectoriel, le tracker en CTO. Pour des destinations bizarres sur lesquels il n’y pas de tracker, un bon fond même à 1% de frais, restera aussi intéressant qu’un achat d’actions en direct.

 

Conclusion : Si il y a un tracker correspondant à l’investissement voulu c’est le meilleur choix, sinon pour les émergents un fonds coutera moins cher que des actions en direct.

 

Les fonds battent-ils le marché ?

Enfin, l’affirmation comme quoi 90% des fonds sous performent le marché est fausse : sur 1an au 17-01-2012, sur 349 fonds français répertoriés sur Quantalys.com, 110 battent l’ETF CAC40 qui affiche -15.73%. Le fonds médian est à -16.75, soit 1.02% de moins bien. Donc certes de manière statistique, il vaut mieux acheter en tracker. Mais on parle de gagner peanuts, 0.5 ou 1%. Celui qui a investi dans un des 61 fonds 5étoiles aura réalisé en moyenne du -14.18%. Vous me direz « mais le calcul est truqué car les étoiles sont lues à la fin de la période », cependant on ne passe pas subitement de 5 à 2 étoiles, donc je reste convaincu que cela est vrai aussi en début de période.
N’écoutez pas les donneurs de leçon « monsieur je sais tout » qui vous disent que investir dans des fonds est stupide. Vous pouvez battre les ETF très simplement en investissant seulement dans des fonds réputés.  Vous battez quasiment le CAC40 dividendes bruts, qui se trouve à -13.39 sur 2011, donc vers -13.7 sur la période.
Peut-être que monsieur-je-sais-tout pourra vous dire qu’il a gagné 0.5% de plus avec son tracker ou son optimisation fiscale à la marge. Maintenant, ça ne l’empêchera pas d’avoir perdu de l’argent s’il a investi sur les mauvais chevaux.
Par exemple le fond médian sur l’asie est à -12.18%
Le médian est à +0.81% sur l’obligataire émergent et +2.3 environ sur les 5 étoiles obligataires émergent.
Cette différence de -14 à +2 est bien plus importante que des dixièmes de pourcent.

Alors certes, sur une année mauvaise en bourse, un épargnant avisé peut facilement battre les fonds 5 étoiles médians, car il va se focaliser sur des valeurs défensives. Outre que beaucoup de fonds défensifs existent (donc il faudrait comparer le +6% environ que fait le blog de l’Investisseur Heureux en 2011 avec ce genre de fonds du type Carmignac Patrimoine, qui a fait 0%), il est beaucoup plus dur de battre les fonds 5 étoiles sur des années de forte hausse.

 

Conclusion : Vous pouvez faire confiance aux fonds 5 étoiles, surtout pour les marchés émergents. Investir dans des fonds en UC sur Assurance Vie est intéressant à condition que ce soit sans frais d’entrée, de sortie, d’arbitrage, et avec seulement 0,6% de frais. Surtout si vous faites beaucoup d’arbitrages.

Les AV correspondantes sont notamment chez Altaprofits et Linxea, ou encore Monfinancier.com

 

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