Le patrimoine total des français atteint les 11769 milliards d’euros à la fin 2013 (sources : FFSA, Caisse des dépôts, Insée, Banque de France), soit plus de 4 ans de PIB.
Si on enlève l’endettement qui dépasse les 1300 milliards, il reste en net environ 10400 milliards.
Les ménages français privilégient deux types d’épargne : l’immobilier et l’assurance-vie. La hausse récente du patrimoine est en fait uniquement due à la hausse de l’immobilier. Ainsi le patrimoine a augmenté de + 143% entre 2001 et 2011.
Pour 50 millions d’adultes, cela fait un patrimoine moyen par personne de 234 000 euros. Ce chiffre est très trompeur : en réalité une bonne partie des gens n’ont rien, une autre moitié à sa résidence principale et quelques économies, et une minorité (environ 1 million de ménages) est millionnaire (ou soumise à l’ISF, ce qui est grosso modo équivalent). Les 10% de ménages les plus riches concentrent 48% de la valeur du patrimoine.
D’ailleurs, le patrimoine médian par famille tourne plutôt aux alentours de 150 000 euros, beaucoup moins que la moyenne, à cause de cette distribution exponentielle.
Beaucoup (trop) d’immobilier
Cette épargne se décompose ainsi (si on oublie les dettes, ce qui surestime probablement un peu l’immobilier car à part les autos, il y a peu de dettes hors immobilier):
- Immobilier (résidence principale, secondaires, locations; concerne 60% des ménages) : 56,4%
- Épargne Longue (Assurance vie, bourse et autres) : 27,5% (dont assurance-vie 13,0% et bourse 11,0%)
- Épargne de précaution (Livret A, LDD..) : 11,5%
- Autres actifs non financiers : 4,6%
Le taux d’épargne moyen des français reste élevé, et relativement stable depuis des décennies, de l’ordre de 15,6% des revenus (en 2012)
L’assurance vie a ainsi doublé en valeur entre fin 2002 et fin 2012. : 24 millions de français en détiennent au moins une. Chaque contrat d’AV a une valeur moyenne de 54 000 euros
Particuliers ou entreprises ?
Pour se mettre les idées au clair, il est intéressant de constater que les ménages ont un patrimoine plus gros que les entreprises : ces entreprises, au total, y compris les banques, ont un patrimoine de 6160 milliards en action (donc détenu cycliquement, par d’autres entreprises ou par des particuliers) et 2720 milliards en actif net (valeur totale des actifs moins les crédits, les actions émises, les dépôts dus aux particuliers…)
Cela amène deux réflexions :
d’une part, l’état ne s’y trompe pas et taxe extrêmement tout ce qui touche à l’immobilier : ventes (« mutation »), successions, taxes d’habitations… cela rapport des milliards par an. D’autre part, il est flippant de s’apercevoir que plus de la moitié de l’argent des particuliers (et donc la moitié de l’argent du pays, puisque les entreprises en propre n’ont que moins de 3000 milliards) est bloqué dans de l’immobilier : cela explique en grande partie la récession en France. Rien qu’une déportation de 10% de ces 7000 milliards, investis en action ayant un rendement de seulement 5%, rapporterait 35 milliards au pays (et donc une bonne dizaine de milliards à l’état grâce aux impôts)
Enfin, une poignée d’individus milliardaires gouvernent dans les faits la France, orientant les décisions des gouvernements depuis 40 ans en faveur du monde de la finance, et des gros exportateurs. Pourtant, même Bernard Arnault et ses 24 milliards de patrimoine, ne pèse pas lourd par rapport aux autres Français.
Si 10 000 français « moyens », propriétaires d’une maison moyenne valant 250 000 euros, décidaient de la vendre et d’investir conjointement dans une entreprise, ils disposeraient de 2,5 milliards.
C’est bien étrange car vous pouvez avoir 1 million de personnes dans les rues, le gouvernement ne plie pas, mais contre une entreprise qui vaudrait 2,5 milliards, il serait plus prompt à écouter
Le pouvoir de l’assurance vie
Enfin, on se rend compte que, en ordre de grandeur, l’argent investi par les français dans des assurances vies, est égal à la dette (abyssale) de l’état, dette qui ne provisionne pas le système de retraites « par répartition » de Ponzi (dans lequel les cotisants d’aujourd’hui payent les retraites des travailleurs d’hier… ) qui représente une dette de plusieurs milliers de milliards.
Cela explique pourquoi l’assurance vie a toujours droit à ses exonérations fiscales : le taux d’intérêt bas de l’état est garanti par la demande en assurance vie « fonds euros ». Ce n’est donc pas prêt de changer. Voilà pourquoi il faut en profiter avec les unités de compte. C’est tout de même ubuesque : chaque année, la France paye des dizaines de milliards d’intérêts aux banques. Mais une partie de ces intérêts repart vers des assurances vies, et donc des particuliers épargnants .
Donc non seulement la France paye iniquement des intérêts à des banques privées qui ont pris le contrôle de notre monnaie; mais en plus, des millions de particuliers sont invités à financer ce mécanisme, et en retirent des intérêts. Alors que cet argent n’est pas productif, il finance des dépenses de fonctionnement de l’état et des salaires, au lieu de financer des entreprises productrices de valeur. Nous sommes doublement perdants, et le système est malin, car les épargnants drogués à l’assurance-vie auront du mal à réclamer la disparition de ce système.
Chez Rentables, nous aimerions que l’état reprenne le contrôle de la monnaie, que les prix de l’immobilier diminuent, et que les français investissent en actions..Tout le contraire de ce qui se passe actuellement.
Belle analyse, l’article est intéressant et bien écrit. ce que je retiens c’est que les français cherchent avant tout le moindre risque, la sécurité pour leur épargne difficilement gagnée.
l’article est intéressant et bien écrit.